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Réflexions et Histoires d'un C.O.N

Même si, après m'avoir lu, ce que j'écris te paraît logique ou sensé, rappelle-toi du titre du blog. 👆🏾 😅

Éconduit

Inspirée d'une histoire vraie

Éconduit

Cette nuit-là, je pleurai toutes les larmes de mon corps. Tous mes maux, mes hontes, mes échecs, mes regrets jaillissaient de ma tête. Toutefois, aucune raison fixe ou du moins palpable se trouvait derrière mes incessants pleurs. C’est alors que, progressivement, comme par miracle, tout me revenait.


Cet après-midi là, le temps était pâle, pâle comme le passé d’un vieux amnésique envoilé par les brouillards de l’existence. Et tristement, j’appuyai ma tête contre la vitre du bus. Fatigué d’une rude journée de classe, j’assistais au grand spectacle de la rue… Un motocycliste bravait embouteillage et feu rouge, une ruée de piétons ajoutait un peu de piment à l’ambiance de la rue à la venue d’un tap-tap, et finalement des marchands ambulants par ici et par là constituaient le clou du spectacle urbain. Je m’étais tellement habitué à cet aspect bigarré du ronron quotidien qu’au fil du temps je n’y prêtais aucune attention… Puis un beau jour, tout ce mélange du quotidien  me semblait soudainement inhabituel et frappait l’imagination.
Entretemps, vint s’asseoir à coté de moi un inconnu. A chaque fois, c’était pareil ; je restais assis à coté de quelqu’un durant un trajet de plus d’une heure tout en ignorant la couleur de son t-shirt, de ses cheveux, la forme de sa tête etc. J’ignorais si ce quelqu’un là avait le cœur en lambeau tout comme moi, s’il était un voleur, un bon samaritain, un pieu, un athée… Sauf que, je sentais que ce quelqu’un là se trouvait près de moi, en train  de lire un bouquin, de converser, d’écouter la musique, d’envoyer des textos ; moi je m’en fichais complètement. C’était pour moi, la meilleure façon de rester recroquevillé dans mon monde à moi, n’ouvrant la porte à quiconque osant pénétrer.


Des visages, encore et encore, méconnaissables, laids, répugnants, attirants qu’ils soient, je parvenais tout de même, à les voir tous. Puis, je me demandais si cette cacophonie imagée renfermait en elle-même, un sens propre. Et afin d’oublier le temps barbant, je m’épris de la musique pour y remédier. Ainsi, j’étais à l’abri de toute sorte de discussions inutiles traitant de politique, de bible, mes oreilles étaient soulagées de ne plus entendre les recommandations d’un agent de marketing faisant mauvais usage de la connaissance face à un public réfractaire au bon sens, un public désireux de rester dans son état embryonnaire.


Ainsi se déroulaient toutes mes journées lorsque celles-ci touchaient à leur fin. Une route assez longue et saoulante dans un bus surchargé, des yeux en plein combat avec un sommeil dû à la fatigue ; je tentais en vain de contempler le coucher de soleil à travers les champs de canne et de maïs bordant la route. Et progressivement, la nature s’enveloppait de son linceul d’obscurité laissant place aux lumières qui, par enchantement, jaillissaient de partout. Les téléphones, les lampadaires, les phares des voitures, les maisons espacées de la Plaine du Cul-de-sac, les montagnes de Boutilliers, tous participaient d’une manière ou d’une autre à une magnificence certaine de l’obscurité progressivement éclairée.


Entretemps, mon cœur errant, rempli de tristesse, vérifiait de temps à autre, une réponse tant attendue de la part d’une personne tant aimée. Et afin de garder mon calme, je relisais tous les messages de nos conversations en essayant de modéliser les scènes à ma façon : son sourire, son visage, sa voix, son regard, c’était le meilleur moyen de ne pas me soucier de mes pensées pessimistes même si je savais que celles-ci allaient prendre le dessus. Toutefois, j’estimais que ça valait le coup d’envoyer cette foutue déclaration d’amour même si je m’attendais à l’échec. 

…Suite à un non, je me sentais seul, tout devenait flou autour de moi. La superbe vue défilait sous mes yeux sans que je puisse y prêter un minimum d’attention. Je n’entendis plus les rumeurs des passagers, ce n’était plus le vrai moi qui était assis dans ce bus, plutôt un corps sans vie, un cœur sans espoir, exempt de bonheur…


Soudain, la main ferme de mon  inconnu  me secoua vivement afin de m’annoncer que j’étais finalement arrivé à destination. Il commençait à pleuviner comme pour effacer les tâches indélébiles d’un mal d’amour. Tout me revenait, j’étais à nouveau sur terre, terre de fatigue et de déception. La routine faisant fi de tout, continuait sa course de telle façon que j’aperçoive que ma vie de tous les jours n’était que confusion, que monotonie énigmatique ; puis d’un coup une raison apparente allait tout bouleverser en attribuant un raisonnement à tout : "J'ai trop d'amour à partager, mais peu de gens pour le recevoir."

Manl3y B.Liz.R

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