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Réflexions et Histoires d'un C.O.N

Même si, après m'avoir lu, ce que j'écris te paraît logique ou sensé, rappelle-toi du titre du blog. 👆🏾 😅

Haïti et l'International

Haïti et l'International

Le mois de mai touche déjà à sa fin, et pour bon nombre d'entre nous ça a été un mois rempli d'émotions et d'événements particuliers. En ce qui me concerne, mon blog a fêté ses trois ans, j'ai pu me rendre à la plage, moi qui rêvais d'y aller depuis janvier. Dans l'international, il y'eut d'énormes tensions au sein de la communauté noire américaine avec l'affaire Ahmaud Arbery et celle de George Floyd, certains pays ont commencé leur déconfinement en adoptant les mesures nécessaires, la Nouvelle-Zélande n'a plus de cas de COVID-19. En Haïti, le gouvernement a prolongé l'état d'urgence pour encore deux mois, des individus ont incendié des maisons sur la Côte des Arcadins, le nombre d'infectés au virus ne cesse d'augmenter à l'instar de la valeur du dollar américain par rapport à la gourde. En bref, le mois de mai a eu ses doses en remous d'actualités.

Je ne vais pas tout exposer car mon blog ne fait pas office de journal d'informations mais plutôt d'endroit où mes lecteurs sont sûrs de pouvoir trouver des réflexions et histoires moins stressantes que celles dans les journaux. N'empêche qu'aujourd'hui, le sujet de cet article est assez spécial et renferme d'étroits liens avec l'article précédent intitulé Être noir : Que devrais-je dire à mon enfant ?

Quelques rares de mes lecteurs m'ont demandé pourquoi je ne fais pas de publications similaires pour mon pays en dénonçant les tares du gouvernement haïtien et de son territoire. Je ne l'ai pas fait pour la simple et bonne raison que beaucoup de blogs et de plateforme de publications le font déjà, et que sur mon blog j'ai plutôt voulu - par mes articles - montrer une autre facette d'Haïti par le biais de sa culture, sa gastronomie, sa musique, ses lieux touristiques etc. 

D'ailleurs je ne suis pas intéressé à discuter de politique et je trouve que bon nombre de gens qui le font dans le pays veulent tout simplement s'attirer de quelconques profits ou du moins paraître brillant aux yeux de leur auditoire. Toutefois, ce qui se passe en Haïti et aussi à l'International en ce moment c'est quelque chose qui nous concerne tous. Pas besoin d'être politicien pour avoir son mot à dire. Ce que subissent les noirs aux États-Unis et aussi dans les autres pays étrangers est à nouveau exposé grâce à l'affaire George Floyd. Et pour un pays comme Haïti dont la majeure partie de sa diaspora évolue aux États-Unis, les haïtiens sont autant concernés que les noirs américains protestant contre de telles infamies.

Contrairement aux États-Unis, à la France, au Canada et les autres pays développés, lorsque vous tapez Haïti dans les moteurs de recherche, c'est après avoir scrollé de nombreuses photos concernant des pneus enflammés, des manifestations, des tas d'immondices et des bidonvilles que vous allez peut-être voir la photo d'une plage, d'un beau paysage ou d'un monument historique. À tout considérer le monde entier ne voit que cette face déplaisante du pays. Or Haïti en tant que pays tropical a tant de belles choses à offrir.

Certains iront à jeter la faute sur les médias alors que d'autres le font envers les haïtiens. Alors en quoi les haïtiens et l'international sont responsables de la mauvaise image de la première république noire libre du monde ? 

 

L'international

Les pays du Nord, lorsqu'ils ont des soulèvements, des émeutes, le monde entier et les médias essaient de comprendre pourquoi. Tandis que lorsque c'est le cas d'Haïti, l'international nous met automatiquement sur la liste noire des destinations. 

Dès qu'il y'a un article ou des nouvelles à partager sur Haïti, les médias internationaux se font un plaisir de porter atteinte à l'image du pays. De ce fait, nous observons un constant rappel de la façon dont les médias veulent que l'International nous perçoit. Nous retrouvons souvent des phrases similaires comme "...Haïti, le pays le plus pauvre de l'Amérique Centrale..." "...Haïti, pays du tiers-monde..." À tout considérer, les médias sont parvenus au fil des années à insérer le mot Haïti dans les mêmes champs lexicaux que corruption - insécurité - pauvreté - misère.

Savez-vous que les États-Unis détiennent le taux de tueurs en série le plus élevé dans le monde ? Mais est-ce que vous allez trouver des articles qui vont tout le temps vous le rappeler ? Personne ne va jamais lire : Les États-Unis - pays ayant eu les pires tueurs en série que le monde ait connu - viennent de franchir la barre des 100 000 morts dûs au Corona Virus. Par contre, si c'est pour parler de la crise sanitaire actuelle d'Haïti, ces médias se donnent à cœur joie de rappeler à leur public les situations chaotiques du pays. 

Personnellement, j'accuse les médias internationaux de toujours vouloir présenter par le mal les pays du tiers-monde. En outre, lorsque le mot Haïti figure dans un film ou dans une série c'est généralement dans un contexte de dons, d'aides humanitaires. Jamais nous allons entendre quelqu'un dire qu'il souhaite passer ses vacances au bord d'une des plus belles plages haïtiennes.

 

Haïti

En ce qui concerne l'image d'Haïti par l'International, les haïtiens (politiciens, citoyens, médias...) sont en grande partie responsables. Le pays traverse continuellement des crises politiques et économiques qui engendrent le soulèvement de son peuple se livrant certaines fois à des actes de vandalisme. Haïti a déjà eu une kyrielle de gouvernements caractérisée par la corruption, les détournements de fonds, les coups d'état. L'instabilité du pays l'a fait mettre à maintes reprises sur la liste noire des destinations de voyage. Alors, comment les haïtiens s'attendaient à ce que l'International les voit d'après vous ?

Nos villes ont une carence en infrastructures, en plan d'urbanisation, en besoins élémentaires pour la majeure partie de la population. Même les choses les plus basiques sont considérées comme "luxe" en Haïti. Comme avoir une voiture, avoir de l'électricité 24/24, faire des études supérieures, travailler, avoir une assurance médicale, voyager etc.

Vivre une telle réalité dans notre propre pays peut paraître normal car nous finissons par nous y habituer, en revanche l'International qui nous écoute, nous regarde et nous juge va nous percevoir d'une autre manière. Ainsi, le monde entier et même la diaspora haïtienne ayant vécu une partie de son existence dans le pays, nous considèrent plutôt comme des survivants au lieu de simples citoyens haïtiens.

 

Haïti et l'International

Tout ceci nous ramène à comment les haïtiens doivent faire face à de telles conditions non seulement en tant que noirs mais aussi en tant que peuple dont la réputation du pays laisse à désirer...

Petit anecdote : Savez-vous que dans les années 70-90, qu'il était facile de différencier un haïtien d'un noir américain ? L'haïtien marchait la tête haute, il n'avait pas peur de fixer n'importe qui dans les yeux car il provenait d'un pays majoritairement noir où les gens jouissaient des mêmes droits (enfin presque). Alors que le noir américain fuyait le regard du blanc et vivait encore les séquelles de la ségrégation raciale aux États-Unis.

...Aujourd'hui, les noirs subissent encore des discriminations et des profilages erronés par rapport à la couleur de leur peau. Et même si ces actes sont quasi-inexistants au sein du territoire haïtien, les citoyens du pays sont quand même concernés à ce qui peut arriver à la communauté noire - pour éviter de dire "race" - dans les pays étrangers.

Haïti renferme beaucoup d'universités mais rares sont celles qui ont des études supérieures octroyant la grade de maîtrise voire de doctorat. Ainsi nous retrouvons pas mal d'haïtiens s'orienter vers les universités étrangères. En conséquence, face à des idées préconçues sur Haïti et sur les noirs, l'étudiant haïtien à l'étranger devrait faire bonne figure aux yeux de tous car la réputation de tout un pays repose sur son dos. Il en va de même pour tous les haïtiens vivant à l'étranger, ces derniers devraient se considérer comme des ambassadeurs de leur pays en vendant une image positive du territoire. Car être noir et provenir d'un pays du tiers-monde comme Haïti n'est pas une chose facile. Et c'est encore pire pour les femmes haïtiennes face à un monde aussi phallocentrique.

Il est indéniable que la réputation d'Haïti et sa conjoncture volatile sont loin de connaître une amélioration, néanmoins si tous les haïtiens commençaient par être fiers de leur pays tout en prenant conscience de ses problèmes, le pays serait alors moins pire qu'il l'est de nos jours.

Et en ce qui me concerne, quoiqu'on dise, quoiqu'on pense d'Haïti, je l'aimerai toujours. 

Manley BELIZAIRE

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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) Au plaisir.
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