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Réflexions et Histoires d'un C.O.N

Même si, après m'avoir lu, ce que j'écris te paraît logique ou sensé, rappelle-toi du titre du blog. 👆🏾 😅

Troubles dans la nuit

La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes. - Simone Piuze

La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes. - Simone Piuze

...Cette nuit là j'avais du mal à m'endormir. Je me virevoltais dans tous les sens du lit afin de trouver la position idéale mais les bras de Morphée refusaient de me bercer. Je fus alors en proie à mes pires réflexions allant de paire à mes problèmes. Je regardais devant moi défiler ma triste vie. Une décennie de cela, je me voyais, moi Jonathan, réussir dans la vie en excellant en tant qu'ingénieur civil. Je rêvais même d'avoir mon propre cabinet, d'être mon propre patron et aussi d'avoir une clientèle de haut parage. Hélas ! La vie ne l'a pas décidé ainsi. La conjoncture volatile du pays et certaines éventualités découlant de ma réalité m'ont fait devenir l'homme que je suis aujourd'hui. J'ai 31 ans, je suis marié depuis près de 6 ans avec ma copine rencontrée à l'université et maintenant, nous élevons ensemble notre fille Chloé qui vient tout juste de fêter ses 5 ans.

... Je n'arrivais toujours pas à trouver le sommeil. Il faisait extrêmement chaud pour un mois d'octobre et l'Électricité d'Haïti (ED'H) n'avait fait signe de vie depuis plus d'une semaine, les moustiques profitèrent alors de nous faire part, ma femme et moi, de leur interminable symphonie nocturne. Je fixais encore le plafond et je ne vis que l'obscurité; une obscurité qui me rappela tristement ma vie et mes objectifs ensevelis par le suaire de découragement du pays.

Malgré un semblant de revalorisation de la gourde par rapport au dollar américain, les prix de certains produits de première nécessité n'avaient toujours pas baissé sur le marché. La scolarité de ma fille qui est en deuxième année de maternelle coûte aussi chère que la scolarité d'un étudiant dans une université privée. Ma femme, elle, reprenait à peine son travail après des mois de mise en disponibilité à cause de la crise sanitaire de covid-19, et pour finir, je n'avais pas encore payer le loyer des deux mois précédents. J'avais l'impression que tous les maux du monde se donnaient à cœur joie pour me faire souffrir.

Noyé dans mes réflexions, je fus ramené sur terre par les aboiements des chiens du quartier. Certains étaient même en train de hurler. Je me souvins alors que ma mère me déconseillait toujours d'habiter à l'angle d'un carrefour à 4 branches car selon elle, ce genre de carrefour constituait un lieu de rassemblement pour tous les mauvais esprits dans la nuit. Rien qu'en y pensant, l'effroi s'empara subitement de moi, ma gorge se noua et je sentis tous les poils de mon corps se hérisser d'un geste brusque. Sous ce beau clair de lune du 1er novembre, quelque chose de paranormal se tramait dans l'air... Et soudainement, j'entendis retentir, de la rue, un coup de fouet suivi d'un gémissement. C'était certainement celui d'une personne exprimant sa souffrance d'une voix plaintive et non articulée. Les chiens aboyaient de plus belle et les coups de fouet continuèrent encore avec plus de vigueur. Chaque retentissement me faisait tressaillir, c'était comme si au plus profond je parvenais à ressentir les douleurs de la victime fouettée à sang.

Je me suis alors souvenu que dans l'après-midi avaient eu lieu les obsèques de mon voisin M. Charles, un notaire improbe et irrévérencieux reconnu pour son hardiesse excessive. D'après les rumeurs, un de ses clients avait juré de lui faire payer sa bouche un jour. Et le fait que le notaire soit brusquement décédé à midi tapant sans aucune malaise apparente n'avait fait qu'envenimer l'histoire en spéculations.

Lorsque le calme reprit finalement ses droits au beau milieu de la nuit, j'essayai donc de m'emparer de mon téléphone pour vérifier l'heure. C'est ainsi que je constatai que tout mon corps était ankylosé, je ne pouvais plus bouger. Ce que je vis me glaça le sang à un point tel que je pouvais entendre les battements accélérés de mon cœur résonner dans mes tympans; une sueur glaciale coula le long de mon échine et tout mon corps trembla de peur.

Une ombre fantômale jaillit de la fenêtre, arpenta les murs de la chambre pour finalement venir vers moi couché sur le dos dans le lit. J'étais terrifié, cette dernière faisait pression sur mon thorax, je n'arrivais plus à respirer. J'ai voulu hurler mais aucun son ne parvint à sortir, j'ai voulu alerter ma femme dormant à mes côtés mais j'étais paralysé. En fin de compte, je me laissai aller en fermant les yeux... 

...Ma femme me réveilla en sursaut. Il faisait déjà jour. Les rayons du soleil pénétraient timidement la chambre. Je peinais à me souvenir de ce qui s'est passé hier dans la nuit, j'avais des trous de mémoire; je me rappela uniquement des aboiements agités des chiens...

Je devais vite me préparer pour arriver à l'heure à la messe car l'église allait regorger de fidèles pour ce dimanche coïncidant avec la fête de la Toussaint. Une fois terminé, je m'empressai d'aller chauffer le moteur de la voiture le temps que ma femme termine de se préparer. Tout à coup, les souvenirs de la nuit dernière firent surface lorsque j'ouvris la porte d'entrée de la maison... En face de moi se trouvait mon grand père décédé il y'a de cela 7 ans. 

FIN. 

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