Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Réflexions et Histoires d'un C.O.N

Même si, après m'avoir lu, ce que j'écris te paraît logique ou sensé, rappelle-toi du titre du blog. 👆🏾 😅

Séances de zens le jour de la rentrée 2. Partie 1

Séances de zens le jour de la rentrée 2. Partie 1

Ah ! La rentrée ! Beaucoup d’étudiants, plus particulièrement les nouveaux, attendaient ce jour avec impatience. Ainsi, on retrouve un bon nombre d’étudiants qui avaient hâte de finalement devenir universitaire car cela faisait plus d’un an qu’ils avaient terminé leurs études secondaires et que le système éducatif du pays ne cessait d’être perturbé par de nombreuses crises politiques; et récemment par la crise sanitaire de la covid-19. D’un autre côté, il y’a des étudiants qui viennent le jour de la rentrée juste pour retrouver certains amis qu’ils avaient perdu de vue durant tous ces mois de confinement, et d’autres qui veulent tout simplement rompre avec la monotonie rasoire de leur maison.

…Puis, il y’a moi ! Je suis ce type d’étudiant qui, durant la première semaine, s’intéresse plus qu’aux zens qu’aux cours où certains profs parlaient avec ostentation de leur curriculum vitae afin d'impressionner toute une classe.

Cette rentrée là était différente. Tout le monde avait la moitié du visage recouvert d’un masque. Ce qui m’attristait le plus c’est qu’à cause des nouvelles mesures prises pour la pandémie, je ne pouvais plus lire les lèvres des gens de loin pour détecter les zens qu’ils se racontaient. De ce fait, je devais enfreindre les règles de distanciation sociale pour pouvoir entendre les zens de plus près. Croyez le ou non, il y’a toujours des histoires intéressantes à entendre lors de la première semaine de la rentrée. Et les meilleures histoires se racontent en binôme, de ce fait je devais trouver un duo de choc qui est branché potins concernant des tas de sujets.

Comme dit le proverbe haïtien : Jan chèche, Jan twouve ! J’ai finalement réussi à dénicher le couple d’amies idéal. C’étaient les commères inséparables Arly et Paméla. Si on voyait l’une quelque part sur le campus, on était sûr que l’autre se trouvait dans les parages. Je me souvins même croiser Arly, une fois, en train de faire le guet près des escaliers menant au 4ème niveau de la bibliothèque car sa bonne amie roulait une pelle à Cédric dans les coins obscurs du dernier étage…

…Pour en revenir aux deux demoiselles, Ly et Pam étaient réputées pour être de gran limena dans leur faculté. D’ailleurs les deux étaient en gestion touristique et choisissaient les mêmes cours. Elles étaient le genre de zuzu qui, dans une simple et seule phrase, utilisaient l'anglais , le français et le créole. Men, rayi chen an di dan l’ blan, elles étaient toujours bien vêtues.

Avec un beau temps calme du lundi matin à Haut-Turgeau et dans une université qui tentait de fonctionner timidement grâce à l’engouement des nouveaux étudiants, je parvins à capter une conversation très intéressante des deux étudiantes près du tableau d’affichage des horaires des cours.

“Pam chériiiiie ! Comment vas-tchuuu ?

- Ça va cocotte et toi ? arriva à prononcer Paméla en étant scotchée sur son téléphone. Mais lorsqu’elle leva les yeux pour parler à sa bestie, elle fût sidérée. Oh my God ! Look at you know giiiirl ! J’adore tes cheveux ! Ces braids te vont à merveille ouiiii !

- Merciiiii ! répliqua Arly en envoyant d’un revers de main les longues tresses qui pendaient sur son visage. Je voulais changer de look pour la nouvelle session pitit. D’ailleurs j’ai remarqué qu’il y’a de cute ti tonton parmi les nouveaux étudiants.

- Bon rete pitit ! Tu n’as pas mennaj !? M’ap pale Jonathan pou ou tande ! En tout cas ma chère , félicitations pour ton nouveau look. Lorsqu’on était ensemble au burger week et que tu m’avais dit que tu allais mettre alonj, m’ pa t’ panse li t’ap fè w’ byen konsa non ! 

- By the way, parlant de mennaj et de burger week, devine qui j’ai vu l’autre jour à Portofino accompagné de son copain ?

 - Who ? Give me the tea !”

À cet instant là, Arly saisit l’un des mobiliers de classe qui se trouvait sur la cour, s’assit de dessus, libéra ses mains de ses cartables et se croisa les jambes pour mieux se disposer pour raconter le zen. Moi de mon côté, je fis semblant de chercher éperdument les horaires de mes cours de lundi alors que je n’avais aucun cours les lundis. J’empruntai même une feuille blanche et un stylo entre les mains d’un nouvel étudiant pour noter l’horaire des cours qui ne concernaient en aucun cas ma faculté. Tous les initiatives étaient bonnes afin d’écouter le fameux zen que la jeune demoiselle avait à raconter.

“Te souviens-tu de Mathéo ? poursuivit Arly après s’être bien disposée pour s’asseoir. C’est le mennaj de Leïla qui est en génie civil.

- Qui ne se souvient pas de Mathéo pitit ? Mathéo gwo po, gwo zago pas vrai ? s’empressa de répondre Paméla en s’étouffant de rire derrière son masque. Qu’est-ce qu’il a ? Li resi kite ak tifi a ? Franchement, je me demande comment une jolie fille comme Leïla a t-elle pu tomber en amour d’un gwo soulye comme Mathéo. Genlè yo te byen benyen ti nèg la lè l’ te piti, yo fè l’ gen chans ak bèl fanm. Ou du moins just because li gen lajan, she’s pretending to be in love with him !

- Hmm… pitit ! Ils sont toujours ensemble oui ! Je les ai vus au burger week la semaine dernière à Portofino. Tu sais voir Leïla d’habitude. Elle est toujours coquette, ordinaire, simple et tout… Alors que ti nèg la menm… Wouch ! prononça Arly le ton offusqué.

- Vas-y ! Dis moi ! répondit Paméla en ouvrant grand les yeux comme pour inciter sa copine à continuer son récit.

- Ti nèg la mete yon pantalon twal, li rekase manch chemiz bleu li te mete pou fèt ou an. Puis il a mis la chemise anndan pantalon an. Il a même mis un ceinturon marron avec des baskets bleus ! Tu imagines la catastrophe visuelle ! 

- Wouy ! Je suppose qu’il ressemblait aux élèves de Saint Louis de Gonzague ?

- Mais non! Pas du tout ! Certains saint-louisiens sont gwo po certes, mais pas à ce point ! Mathéo lui, ressemblait plutôt ak yon pwofesè matematik k’ap viv andeyò ki al siveye nan egzamen ofisyèl filo…”

Lorsque Arly prononca ces mots, je fis preuve d’un grand retenu pour ne pas éclater de rire au risque de me faire démasquer par les jeunes demoiselles. Franchement, je fus impressionné par la créativité d’esprit dont Arly fît montre dans la description de ce fameux Mathéo. La conversation des deux amies alla prendre une autre tournure lorsqu’un étudiant en architecture, assez reconnu par ses pairs, vint brièvement leur passer le bonjour. Et ce fût au tour de Paméla de raconter son récit à sa bonne amie…

À suivre... 

Manl3y B.Liz.R

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article